Papiers découpés
La passion d’Alice Bottigliero
Crédit photo : Marine Brusson
Alice Bottigliero est passionnée par le papier. Son toucher, sa texture, ses couleurs. Tellement passionnée qu’elle le découpe dans tous les sens pour lui donner vie dans des compositions gourmandes et décalées. Rencontre au pays d’Alice.
Le PAON : Bonjour Alice ! Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Alice Bottigliero : Je suis designer graphiste et illustratrice. Dès mes 14 ans, j’ai fait un lycée Arts Appliquées en Bourgogne à Nevers dans lequel j’ai pu me familiariser avec le design, je me suis orientée vers le graphisme car j’aimais me servir du visuel pour communiquer. J’ai continué avec un BTS à l’Ecole Nationale des Arts Appliqués Olivier de Serres, en me spécialisant dans les techniques d’impressions alternatives (sérigraphie, risographie,…). J’ai toujours eu une appétence particulière pour le rapport à la matière, et surtout le papier. J’ai ensuite fait un Diplôme Supérieur dans la même école pour travailler davantage la composition, la typographie.
Tu as fondé ton agence de design graphique, peux-tu nous en dire un peu plus ?
J’ai fondé Forme Brute en 2016, qui est un studio de design graphique et direction artistique spécialisé dans le secteur culturel, événementiel et gastronomique, basé à Bordeaux. Je travaille avec des maisons de spiritueux, des pâtissiers, des producteurs viticoles… Ils font appel à Forme Brute car ils cherchent à casser les codes visuels dans ces milieux assez traditionnels.
Pourquoi t’es-tu spécialisée dans ces secteurs ?
J’ai grandi avec des parents hôteliers – restaurateurs en Bourgogne, les moments de repas familiaux étaient très importants. Cela m’a orienté à la fois dans la spécialisation de mon agence mais aussi dans mon travail en tant qu’artiste. Les scénettes que je fais en papiers découpés sont souvent des scènes gastronomiques, des natures mortes de fin de repas. A la Slow Galerie, j’avais d’ailleurs fait une expo sur le brunch : ce repas régressif où l’on mélange le sucré, le salé… Il y a des origines italiennes dans ma famille, c’est sûrement lié !
D’où est venue ta passion pour les papiers découpés ?
J’ai commencé les papiers découpés en 2018 pour une commande où j’avais envie de m’affranchir de l’ordinateur. Cela a créé un certain engouement autour de moi, donc j’ai poursuivi dans cette voie ! L’an dernier j’ai eu la chance de remporter le prix Jeune Talents des Agents Associés. Les agents que j’ai rencontrés à cette occasion m’ont encouragé à développer cette pratique du papier découpé et à penser des créations originales 100% avec cette matière.
Quel est ton processus créatif dans ces œuvres en papier découpé ?
On peut penser que le collage est une pratique libre, où l’on se met à découper des formes en se laissant guider par son imagination. Pour ma part, ce n’est pas du tout cela ! Je pense méthodiquement ma composition en amont car je cherche à limiter les pertes et le gaspillage.
Dans un premier temps, je fais une composition avec plusieurs plans en croquis. La notion de plan est très importante car cela donne ensuite l’ordre de superposition des papiers découpés. Puis, je colorise le croquis rapidement, à la main ou sur ordinateur. Ensuite je passe à la phase de découpe, puis d’assemblage et de collage. Enfin, je crée souvent des passe-partouts un peu rondouillards, qui encadrent mes collages et donnent la touche finale !
LES PÉPITES DE CHOCOLAT (OEUVRE UNIQUE) – ALICE BOTTIGLIERO
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Je cherche souvent à immortaliser un moment qui fait du bien. Par exemple, une tasse de café qui fume sur un coin de table. Un peu comme en photographie : je cherche à figer des moments dans le temps.
Quant aux artistes qui m’inspirent, je pourrais citer Gauguin pour son traitement de la couleur (pas très original me direz-vous !), ou encore l’artiste Raffael Bader, artiste peintre allemand, dont les peintures me font vibrer.
Dis nous en plus : sur quels projets travailles-tu en ce moment ?
Sur une nouvelle série que je vais exposer à Paris et à Bruxelles. En parallèle, je prépare le lancement de ma nouvelle agence de créatifs, créée avec des amis, et j’avance sur mon projet de vêtements. J’ai également été retenu pour une résidence à la Poterie Ravel à Aubagne pour travailler en collaboration avec des céramistes. J’aime l’idée de croiser nos savoir-faire.
Comment équilibres-tu ton temps et ton énergie entre ton travail de direction artistique et ton travail artistique ?
Le plus clair de mon temps est sur Forme Brute : conception de logos, charte graphique, créations… Mais ma pratique d’illustration nourrit mon métier de DA, et inversement. J’observe depuis quelque temps qu’un glissement s’opère entre mes deux casquettes : j’ai de plus en plus de commandes de clients pour des projets de DA inspirés de ma création artistique.
TRANCHE DE CAKE (EXCLUSIVE ARTWORK) – ALICE BOTTIGLIERO
Tu proposes prochainement un atelier de papiers découpés au PAON, que va-t-on y apprendre ?
Je vais proposer 3 scènes différentes, chacun.e pourra sélectionner celle qu’il.elle préfère et posera un croquis, puis on reportera ces formes sur des papiers de couleurs. On fera ensuite un travail d’assemblage et d’association, en travaillant la notion de plans.
Qu’est-ce qui te plait dans le fait d’animer des ateliers avec le PAON ?
C’est une première ! Je suis curieuse de relever le défi et j’ai envie de transmettre cette pratique, qui est très accessible. Le collage est l’un des premiers medium que l’on explore en étant enfant. Tout le monde sait découper, vous n’entendrez jamais dire “je ne sais pas découper”. Cela permet de s’adresser à tout le monde, et montrer que la créativité est accessible à tou.te.s. Qui plus est, par le biais d’un atelier en ligne, cela permet aux plus timides, de le faire dans le confort de son salon, sans se comparer aux autres. Je serai heureuse si les gens sont fiers de ce qu’ils ont fait à la fin !
Des conseils pour toutes les personnes qui n’osent pas se lancer ?
Si cela peut vous rassurer, même pour des gens dont c’est le métier, un jour sur 2, on ne se sent pas légitime ! Il faut être en harmonie avec le fait de créer pour créer, c’est-à-dire pas pour que ce soit joli, mais pour le processus. Revenir dans le moment présent pour se concentrer sur la texture du papier, le dialogue des couleurs entre elles… sans se dire qu’on va être le prochain Picasso. Bref, se lâcher la grappe !
Retrouvez l’atelier d’Alice Bottigliero « Illustrer son quotidien en papiers découpés » sur www.le-paon.com !