La nécessité de créer

Rencontre avec Thomas Durcudoy

Thomas Durcurdoy artiste

Thomas Durcudoy, dit Thomas Saint-Oma, est un artiste pluridisciplinaire. Son œuvre se compose de dessins aux messages saisissants dans un style minimaliste. Il nous explique comment il utilise la narration dans son travail.

Le PAON : Bonjour Thomas ! Peux-tu présenter ton parcours d’artiste ?

Thomas : Enfant, je dessinais beaucoup. C’est au collège qu’une professeur m’a recommandé de faire de la publicité. J’ai ensuite intégré l’école Boulle où j’ai fait de la ciselure et de l’artisanat, mais l’aspect créatif me manquait. J’ai ensuite intégré les Beaux-Arts d’Epinal avant d’intégrer une web agency. Ce qui me motivait aux Beaux-Arts, c’était de voir le travail de Stéphane Blanquet ou Pierre La Police. Leur univers décalé et glauque m’inspirait, car ces auteurs les assument pleinement. Le peu d’aspect créatif ne me convenait toujours pas en agence, alors j’ai décidé de me mettre en indépendant dans l’animation 2D. En parallèle, je continuais ma pratique artistique dans mes carnets, en dessin et en peinture. À un moment donné, un petit personnage s’est mis en place et c’est celui-ci qui m’a permis de trouver ma réflexion autour de la condition humaine. 

 J’ai réalisé que je ne voulais pas faire de commande mais de créer simplement pour m’exprimer.

Quel est ton univers créatif ?

Je suis allé vers le minimalisme. La force de mon travail est qu’en une vision, on est capable de comprendre l’idée. Un dessin peut jaillir en 5 ou 10 minutes. L’écriture très simple permet de rendre le message limpide et qu’on peut saisir tout de suite, comme les slogans que l’on retrouve dans le marketing. Mes dessins doivent être percutants et provoquer immédiatement quelque chose dans l’esprit des autres. 

Ce qui me plaît, c’est de découvrir et de m’amuser. Pour moi, l’art a un rôle social et thérapeutique. Il est utile, presque nécessaire.

Oeuvre de Thomas Durcudoy - Rentrer dans l'ordre

Rentrer dans l’ordre, Thomas Durcudoy

Quelle place a la narration dans ton travail ?

Une chose est sûre, elle est omniprésente dans mon œuvre ! 

Dans les dessins avec les petits personnages, on voit des actions qui sont en train de se faire. On joue entre l’attendu et l’inattendu. Plusieurs histoires peuvent se raconter à partir d’un point d’ancrage : le dessin. Ce n’est pas de la narration au même titre que la BD, mais c’est aussi interroger les formes.

Quelles sont tes inspirations et tes références ?

Enfant, de nombreux artistes m’ont nourri et fasciné : Topor ; Folon ; Sempé… Le dadaïsme pour son côté subversif et le surréalisme qui fait parler l’inconscient me plaisent beaucoup. J’aime également le travail d’Olivier O. Olivier que j’ai redécouvert une fois adulte, mais aussi l’art brut et l’art singulier. Il n’y a pas de questionnement de l’art mais plutôt dans la nécessité de créer.

Comment procèdes-tu à la réalisation de tes projets ?

Quand je crée, les choses émergent seules et rapidement. Pour les ateliers, je pose un processus sans trop planifier. Je ne suis pas dans le contrôle en ce qui concerne la création artistique. C’est surtout la spontanéité et l’immédiateté. 

Parfois, le processus demande du repos. Ce ne sont pas des remises en question, mais plutôt des périodes de creux. Mais l’envie de créer revient assez vite. 

Dessin minimaliste Thomas Durcudoy

Regarde les nuages tomber, Thomas Durcudoy

Comment choisis-tu les médiums et les matériaux pour chaque projet, et comment trouves-tu l’inspiration ? 

Les médiums que j’utilisent se font à l’envie. Je suis très spontané dans mon travail, y compris dans le choix de mes médiums. Je peux avoir envie de faire de l’aquarelle, puis du crayon ou de l’encre. Les choses que je vois autour de moi et les choses auxquelles j’assiste, comme des expositions, ont tendance à influencer mon travail sans que je m’en rende compte. C’est avec le recul que je constate d’où me viennent ces inspirations. 

Mes choix se font en fonction de mon instinct. Chaque médium a une façon de me faire travailler qui est différente. Chacun a sa propre dynamique. Cependant, ce ne sont pas des choses que je conscientise. 

Quelle place occupe l’émotion dans tes œuvres ? Et quelle est la place du spectateur ?

Mon travail est nourri d’émotions. Soit d’ombre, soit de lumière, c’est un besoin urgent de revendiquer et de parler des choses que l’on voit, qui nous font souffrir et qui nous révoltent. 

Je fais aussi des dessins davantage décalé ou dans l’humour noir, c’est parfois très sombre ou très délirant, mais l’émotion régit toujours mon travail.  

Ce qui me plaît, c’est la liberté d’interprétation. Voir qu’un dessin est perçu différemment par quelqu’un d’autre m’intéresse. Cette interaction m’est précieuse et j’aime savoir que certains dessins ont résonné chez des gens.

Tu animes un atelier Partir du dessin pour inventer une histoire. Que va-t-on pouvoir y apprendre ?

On va apprendre à composer avec quelques éléments, à se décomplexer du dessin, laisser de côté le contrôle. 

En partant de formes simples et pas très élaborées, nous allons réaliser quelque chose qui se complexifie en une forme plastique, sans que cela ne demande de travail en amont. Les formes, une fois mises en scène, vont créer de la cohérence dans les cases et donner un ordre de lecture dans le dessin.

 

Retrouvez l’atelier de Thomas « Partir du dessin pour raconter une histoire » en replay sur le-paon.com !