Les couleurs en peinture

Dans l'atelier de Mathilde Polidori

Mathilde Polidori dans son atelier

Crédit photo : Didier Nury

Le PAON : Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Mathilde : Je m’appelle Mathilde Polidori et je suis artiste peintre. J’ai un parcours assez atypique puisque je n’ai pas fait d’école d’art.  J’ai suivi des études de lettres puis j’ai continué avec un master en langues et relations internationales.

Avant de me consacrer pleinement au métier d’artiste peintre, j’ai travaillé pendant plusieurs années dans le domaine de la mode et de la communication, pour Isabel Marant. Lorsque j’occupais ce poste, je continuais en parallèle à griffonner dans mon coin mais je n’avais jamais réellement songé à en faire mon métier un jour.

Puis progressivement, je me suis remise à l’aquarelle avant de tester d’autres médiums de peinture. Il y a environ 1 an et demi, j’ai décidé d’arrêter mon activité professionnelle et de me lancer dans l’aventure. J’ai alors construit mon atelier, que j’appelle “l’atelier bleu” au cœur de ma maison familiale. Depuis, je ne me suis jamais arrêtée de peindre et j’en ai fait mon métier.

Quelles sont tes sources d’inspiration au quotidien ?

Je dirais que ma source principale d’inspiration, ce sont les personnes qui m’entourent. Aujourd’hui je peins quasiment que des gens qui de mon entourage ou d’autres que j’ai croisés : je les prend en photo (en leur demandant leur autorisation) et je pars de ces photos pour réaliser mes peintures.

Ma deuxième source d’inspiration je la trouve dans le travail des peintres que j’admire, à l’image de Georgia O’keeffe pour son traitement des aplats et des closes-up, Suzanne Valadon pour ses couleurs et ses sujets, Claire Tabouret pour l’utilisation des textures, Niki de Saint Phalle pour l’utilisation ultra pop et vibrante de la couleur, Matisse ou encore Jean Cocteau ou Egon Schiele pour leur travail de trait.

Ressens-tu parfois le syndrôme de la page blanche ?

Honnêtement je ne ressens jamais le syndrôme de la page blanche. J’ai tellement de choses en tête, de projets, d’idées, et comme la peinture à l’huile prend beaucoup de temps, j’ai le temps de réfléchir aux prochains projets alors même que je suis en train d’en finir un. J’ai même du retard de partout, tellement j’ai d’idées. Mais si un jour je suis en manque d’inspiration, j’irais probablement au Centre Pompidou qui est l’un de mes musées préférés. Ou alors, j’irais regarder les gens dans la rue ou retrouver mes ami.e.s pour une séance photo.

Quels supports et méthodes utilises-tu principalement ?

J’utilise quasi exclusivement de la peinture à l’huile sur de la toile en lin car je trouve que c’est la matière la plus noble. Depuis peu, je crée moi même mes peintures à partir de pigments naturels que je mélange à de l’huile de lin, c’est plutôt simple, naturel et ça me permet d’obtenir la composition et la texture que je veux.

En termes de support, j’explore de nouveaux médiums : par exemple, je suis en train de réaliser une fresque sur un mur en béton de 4 mètres par 2. Je travaille également sur une collaboration avec la marque Tiptoe pour laquelle je vais peindre deux bancs en bois.

Dans tous les cas, quel que soit le support final, je commence toujours par crayonner mes projets sur papier, en noir et blanc. De cette manière, je peux mieux apprivoiser les traits, les ombres et les lumières. Une fois que je suis satisfaite de l’étude réalisée, je mets la photo de côté et je me base juste sur mon dessin en noir et blanc de manière à ne pas être influencée par la photo initiale.

Qu’est ce qui t’as poussé à te reconvertir, à devenir artiste et d’en faire ton métier ?

J’ai pris la décision de changer de métier en me disant que l’on avait qu’une seule vie et que si je n’essayais pas de faire ce qui me passionne vraiment à ce moment-là alors je ne le ferais jamais. 

Il a tout de même fallu un petit temps d’adaptation pour organiser ce changement de vie, que ce soit dans ma vie professionnelle ou familiale, afin de trouver un nouvel équilibre.

Qu’est-ce qui te plait dans le fait d’animer des ateliers avec le PAON ?

J’aime beaucoup échanger avec les gens, ce côté transmission de savoir est primordial et précieux pour moi. En tant qu’artistes, il y a plein de choses que l’on maîtrise artistiquement parlant, en dehors même des techniques, notamment le fait que l’on ose plus se lâcher et se laisser aller lorsque l’on crée. Malheureusement beaucoup de personnes ont arrêté de faire des arts plastiques au lycée et n’ont jamais renoué par la suite avec leur créativité ou leur activité artistique. Et c’est dommage.

Pour moi c’est important de pouvoir montrer aux gens qu’ils peuvent faire quelque chose de super alors qu’ils n’en sont pas convaincus au départ. A la fin des ateliers, je suis toujours surprise de voir ce que chacun est capable de faire et le potentiel créatif qu’il y a en chacun.

Des conseils pour toutes les personnes qui n’osent pas se lancer ?

Il faut oser, se lancer, y aller. Il faut essayer de retrouver son âme d’enfant et se concentrer sur ce que l’on est en train de faire plutôt que de réfléchir à la technique. Par exemple, il y a un très bon exercice pour ça, c’est d’essayer de dessiner avec la main opposée à celle avec laquelle on écrit. Si vous êtes droitier, essayez de dessiner avec votre main gauche. Vous serez surpris du résultat obtenu grâce au lâcher-prise.

Un autre exercice facile à faire et efficace c’est de prendre une page blanche et de la remplir de couleurs Vous verrez que vous serez concentré sur la couleur et sur le fait de remplir entièrement la feuille, pas sur le résultat final. Résultat garanti.

Retrouvez les conseils Mathilde dans deux ateliers en ligne.