Poétiques esquisses

En mars 2021, le PAON vous proposait de peindre au rythme des mots de Lauren Ducrey. Bercé.e.s par son écriture poétique, presque musicale, vous avez exalté vos sensations dans des gestes peints.

Cette rencontre entre poésie et peinture nous a bouleversé, tant par les résultats que vous nous avez envoyés que les commentaires que vous nous avez partagés.

Alors que Lauren publie Tong Tied, un recueil graphique qui fait dialoguer ses poèmes avec les œuvres d’Erwan de Beauchaine (et une super idée de cadeau de Noël), la rédaction du PAON vous propose de faire le point sur une sélection de 3 artistes qui ont savamment exploré la relation entre poésie et peinture.

Apollinaire et ses caligrammes

Impossible de parler de poésie et de dessin sans évoquer le poète Apollinaire, inventeur du mot “Calligramme”. Ce terme, formé par la contraction de “Calligraphie” et d’”Idéogramme”, désigne un poème dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, souvent en rapport avec le sens du poème. C’est après la publication de son recueil éponyme qu’Apollinaire aurait déclaré à son ami Picasso “Moi aussi je suis peintre”. Avec Apollinaire, la poésie devient un texte à entendre mais aussi à voir. Pour ce précurseur du surréalisme, “C’est le moyen le plus rapide d’exprimer un concept et de forcer l’œil à accepter une vision globale de l’écrit”, même s’il faut parfois plisser des yeux et pencher la tête pour les déchiffrer. On vous laisse vous en donner à coeur joie ci-dessous !

Marx Ernst et ses collages poétiques

Avec l’aventure surréaliste, la relation entre poésie et arts plastiques prend de l’ampleur. Le collage, en littérature comme en peinture, devient une pratique courante pour suggérer, agir sur l’imagination et troubler. Max Ernst a amené cette technique à un très haut degré d’élaboration, et l’a admirablement intégré dans ses œuvres. La poésie, qui est souvent textuellement présente dans le tableau, s’incarne ainsi dans l’œuvre. Texte et image deviennent complémentaires.

Mirò et ses peintures-poèmes

Bien que se situant en rupture du mouvement surréaliste, pour Mirò la peinture est aussi indissociable de la poésie. Proche de nombreux poètes de son temps, il a notamment illustré les recueils de Jacques Prévert (Les Adonides) Tristan Tzara (Parler Seul) et Alfred Jarry (Ubu Roi).

Ses fréquentations le plongent dans un univers poétique qui le libère des représentations traditionnelles proches de la réalité. Son écriture picturale est faite de formes et de couleurs symboliques – le ciel, le soleil, la lune, la fertilité – une grammaire Mirò qui nous transporte dans un imaginaire poétique. Les mots ont aussi toute leur importance comme dans cette célèbre peinture-poème qui a valeur de manifeste Ceci est la couleur de mes rêves.